Études

Influences

Un agréable passe-temps

La plupart des téléspectateurs et des joueurs de jeux vidéo ont une chose en commun. Qu’ils utilisent ces médias un peu ou beaucoup, ils aiment le faire et trouvent ce passe-temps agréable. Il s’agit très clairement d’une influence positive des médias. Tout comme les adultes, les enfants se laissent emporter par ce que l’écran a à offrir ; il détend, informe et divertit. De nombreuses séries et bien des jeux offrent beaucoup de proximité : on s’assied ensemble devant le téléviseur pour commenter l’image. Les jeux, quant à eux, procurent de l’excitation : qui obtiendra le plus de points, le plus rapidement ?

Facilement influençable

Les parents et les enseignants savent aussi très bien que les enfants sont facilement influencés par la télévision et les jeux vidéo. Bien plus qu’un livre, ils peuvent en profiter visiblement et s’en servir comme guide dans leur comportement de jeu. Mais la télévision et les ordinateurs peuvent aussi les rendre plus nerveux, plus rebelles ou plus agressifs. Les enfants ne regardent pas avec les mêmes yeux que les adultes. Parfois, les programmes vont trop vite pour eux (c’est, par exemple, le cas des sous-titres). Il arrive aussi que les enfants ne puissent pas faire une distinction suffisante entre fantasme et réalité ou qu’ils en sachent trop peu sur le monde adulte pour être capables d’interpréter correctement les informations qu’ils reçoivent.

Effets négatifs

Il est difficile de combiner la télévision et l’informatique avec d’autres activités de loisirs comme la lecture ou le sport. Et lorsqu’ils regardent la télévision ou jouent à des jeux vidéo, les enfants ne jouent pas dehors avec leurs amis, ne dorment pas et n’aident pas à la maison. Pour ne rien gâcher, rester assis derrière un écran jusqu’aux petites heures ne favorise pas non plus la concentration à l’école.

Les autres effets négatifs de l’écran ne sont pas tant liés à la durée pendant laquelle les enfants la regardent ou utilisent les ordinateurs, mais plutôt à ce qu’ils voient ou jouent. Selon les scientifiques, il est désormais avéré que les images violentes peuvent nuire aux enfants. L’ampleur de l’effet de la violence dépend principalement des enfants et de la manière dont la violence est présentée dans les médias. La violence dans les médias peut avoir trois types d’effets : 1) des réactions d’anxiété, 2) l’abrutissement et 3) un comportement violent.

La peur du méchant loup

La plupart des parents conviendront que les réactions d’anxiété à la vue d’images violentes sont inquiétantes. Avoir un peu peur n’est pas un problème en soi, mais ce sentiment peut parfois devenir trop intense pour les enfants. Les cauchemars, le manque de sommeil ou l’énurésie nocturne sont fréquents lorsque les enfants sont confrontés à des programmes ou à des jeux pour lesquels ils ne sont pas encore vraiment prêts. Ils peuvent devenir très nerveux lorsqu’ils regardent ou jouent. Ils peuvent ensuite être particulièrement agités ou, au contraire, très calmes le lendemain. Ces effets sont facilement perceptibles par tout parent ou enseignant. Selon les recherches, 7 % des enfants du primaire ont parfois tellement peur des images qu’ils voient à la télévision qu’ils en souffrent encore quelques jours plus tard.

Si les enfants ont peur, c’est simplement parce qu’ils ne comprennent pas encore les images. Ils perçoivent les choses dans leur imagination comme réelles ou pensent que les dangers peuvent aussi survenir près d’eux. Les très jeunes enfants pensent que beaucoup de choses à la télévision sont réelles ou qu’elles se trouvent même dans l’appareil. Un tout-petit peut, par exemple, déjà souffrir d’assister à une banale dispute dans un film de marionnettes ou un dessin animé.

Les enfants plus âgés peuvent avoir peur d’images de guerre, d’images de famine dans les pays pauvres, du chômage ou de l’effet de serre. Mais les scènes « anxiogènes » de séries policières et de films d’horreur peuvent aussi les effrayer. Les enfants savent que les programmes ne sont pas réels, mais la musique et la technique renforcent le caractère impressionnant de certaines images. A fortiori s’il s’agit de situations identifiables ou imaginables pour les enfants.

En quoi est-ce dangereux ?

Voir souvent des images de violence peut habituer les enfants à la violence. Le comportement agressif est alors considéré comme un moyen ordinaire de résoudre un problème, ce qui mène à l’abrutissement de l’enfant. Cet effet ne se produit d’ailleurs pas seulement chez les enfants. Les adultes s’indignent, eux aussi, moins de la violence s’ils y sont confrontés plus souvent.

La violence n’est pas un jeu

Le fait que les enfants font face à la violence dans les médias les amène à se comporter violemment lorsqu’ils jouent entre amis ou simplement dans la rue. Des études scientifiques approfondies ont montré que les enfants peuvent effectivement être influencés. L’effet de la violence dans les médias sur les agressions mineures, comme les coups de pied, le harcèlement et les bagarres, est assez net. La probabilité que les enfants se comportent de cette façon après avoir vu de la violence à la télévision est de 1 sur 10. Il s’agit généralement d’effets à court terme. Immédiatement après avoir regardé une émission ou joué à un jeu vidéo : les enfants imitent alors les actes de violence ou sont tellement excités qu’ils en « oublient » de se comporter de manière amicale.

Quels enfants sont influençables ?

La violence dans les médias n’affecte pas automatiquement les enfants. Certains enfants sont plus influençables que d’autres. Nous savons, d’après les recherches, que l’influence de la violence dans les médias est la plus forte chez :

  • les jeunes enfants (ils ne sont pas encore capables de mettre la violence et ses conséquences en contexte) ;
  • les garçons (ils manifestent souvent une plus grande préférence pour la violence et l’action et sont moins susceptibles d’avoir peur) ;
  • les enfants qui sont plus attirés par la violence (ils s’identifient davantage aux héros et approuvent la violence plus tôt) ;
  • les enfants moins qualifiés (les enfants qui réussissent moins bien à l’école et les enfants qui souffrent de problèmes psychiques ont souvent plus de difficulté à prendre leurs distances par rapport à la violence présentée).
Par quels programmes et jeux ?

Des recherches ont montré :

  • qu’il est plus facile pour les enfants de s’approprier la violence ou simplement de la trouver si elle est présentée de manière réaliste, c’est-à-dire si elle est grave et crédible aux yeux des enfants. Si la violence perturbe les enfants, ils ne l’adopteront pas facilement dans leur comportement ;
  • la violence a plus d’effet si elle est exercée par les héros ou les « bons » protagonistes. Les enfants sont peu enclins à approuver l’attitude des « mauvais » ou des malfaiteurs ;
  • les risques d’effets sont plus grands si la violence dans les médias est gratifiée ou si les conséquences douloureuses des actes de violence sont passées sous silence. Les émissions qui suscitent la sympathie pour les victimes de la violence ont l’effet contraire. Les enfants qui voient un tel programme deviennent moins agressifs et ont plus tendance à désapprouver la violence ;
  • les programmes ou jeux violents ont plus d’effets lorsqu’ils contiennent beaucoup d’action, des changements d’image, des bruits forts et des images captivantes. Elle rend les enfants plus agités et leur fait oublier leurs propres limites.

Bon nombre d’émissions de télévision, de films et de jeux vidéo répondent aux critères décrits ci-dessus. Et dans la plupart des jeux informatiques violents, les enfants « jouent » eux-mêmes le héros qui est autorisé à recourir à la violence afin d’atteindre un « niveau supérieur ». Les éducateurs ont peu de soucis à se faire tant que les enfants ont les deux pieds sur terre et savent que ce n’est qu’un film ou un jeu. Mais si les enfants ne connaissent pas ces limites, il convient de ne pas prendre les effets de la violence à la légère.

Les parents peuvent, heureusement, avoir un impact sur les effets des images violentes. Parfois, une remarque critique si les choses vont très vite peut contrecarrer l’effet médiatique. Les parents peuvent également garder un œil sur les types de jouets qui entrent dans la maison (agressifs ou non) et mettre l’accent sur les programmes et les jeux non agressifs.

Ils en savent beaucoup plus

On dit parfois qu’il n’y a plus de mystères pour les enfants depuis l’avènement de la télévision, de l’ordinateur (de jeu) et d’Internet. Les enfants d’aujourd’hui en savent certes beaucoup plus sur ce qui se passe dans le monde. Cette réalité ne signifie pas, pour autant, qu’ils comprennent et veulent voir tout ce à quoi ils sont confrontés. Quand les images deviennent vraiment difficiles, les enfants décrochent vite. Les élèves du primaire ne comprennent pas la violence extrême, l’érotisme tapageur ou l’horreur brutale. S’ils regardent régulièrement la télévision avec leurs enfants, les parents constateront qu’une part de mystère subsiste pour les enfants et que de nombreux programmes, jeux vidéo ou sites web peuvent être autant d’outils utiles pour découvrir des choses.